Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

394 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

« depuislongtemps, et ceproblème, c’est : d'où vient que Charles IX, roi de France, écrivait plus élégamment que son poëte Ronsard? Eh bien, je vous le dirai, c'est que c’est la Cour qui épure la langue,non les auteurs. À Constantinople même, c’est la langue du sérail (qui cependant n’est pas la Cour la plus éclairée du monde) qui est le turc le plus élégant, le plus mêlé d’arabe et de persan, le langage le plus relevé, le plus poli, le plus fleuri, le plus cérémonieux. Mais s’il y avait une « Cour qui se mit à afficher le langage des halles, qui imitât ses tournures et ses manières, alors la langue du pays se perdrait, et on ne la retrouverait plus que dans les bons auteurs. Je n’ai rien dit de l'inscription « tirée de Tacite, ni de celle que vous avez faite, parce que vous deviez mieux en apprécier la justesse que moi à qui il n'appartient pas de juger de l'individu, et qui outre cela ne sais pas le latin, malgré une belle connaissance universelle des langues dont je crains bien de n’avoir reconnu que quelques aperçus seulement. Adieu, Monsieur, excusez la longueur. » (4)

N'insistons pas sur la critique aimable — ettrop vraie — que Catherine Il fait du caractère français ; mais si dans cette belle « pancarte, » la souveraine nous montre ce qu’elle pense d'elle-même et de son règne, elle manifeste surtout ses craintes sur le monument historique conçu par Sénac de Meilhan. Aussi revenant plus instamment que jamais sur cette question, elle s’en explique ouvertement avec lui. Jusqu'à ce jour elle l’a

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(4) Lettre du 46 juin 1791,