Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 325

autorisé — presque à regret — à écrire et à publier une histoire contemporaine de la Russie, Aujourd'hui, le 46 juin, elle recule, et expliquant de supérieure façon que l’histoire d’un règne s’éclaircit et s'’ämage par les règnes précédents, elle ne s’en tient pas à exiger que l'histoire de son règne soit précédée d'un historique succinet des règnes de Pierre l°' et des Tsars qui ont commandé avant lui ; elle prie de Meilhan de ne publier son travail qu'après sa mort. À cette condition elle lui com

muniquera ses registres, registres qu’elle écrira ellemème, et qui aideront l'historien à saisir les mœurs du peuple russe et le caractère politique de son règne. Sa défense, ilest vrai, n'est pas absolue ; maïs son désir équivaut à un ordre, et l'on sent bien dans cette insistance croissante, la crainte que les susceptibilités et les jalousies soulevées par cette publication, — car elle n’a pas la fatuité de croire avoir satisfait tout le monde, ne préjudicient à sa gloire au lieu de tourner à son profit.

Mais avec Catherine, nous le savons, il est parfois prudent de chercher les desseins de derrière la tête. C’est le cas en ce qui concerne Sénac de Meilhan. Dans les entretiens qu’elle a eus avec lui, et dans le plan d’histoire qu'il lui a soumis et qu'elle a revisé, Meilhan ne lui a pas paru suffisamment gagné à son orthodoxie politique. Il n’appartient pas, à proprement parler, au parti des Émigrés. Il est plutôt des amis de Louis XVI, qui avec la cour des Tuileries, sous la direction du baron de Breteuil, opposent des intrigues aux intrigues des Princes frères du roi ; aucune mission officielle ne l'in-