Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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dique, mais sonesprit en porte la marque. Il n'offre pas dès lors à l’Impératrice des garanties suffisantes. Cela est d'autant moins surprenant que noustouchons au moment où d'Esterhazy et Bombelles vont se rencontrer et se combattre à Pétersbourg. Faut-il donc attribuer la disgrâce de Sénac de Meilhan aux menées des émigrés présents à Pétersbourg? A la facon dont Sénac de Meïlhan se plaint d'avoir été desservi auprès de l'Impératrice, il est vraisemblable que les Émigrés ne furent pas étrangers à sa disgrace. À certains mots de ses « pancartes » des 114 et 16 juin, il n’est pas difficile, d’ailleurs, de remarquer que Catherine avait pris Sénac de Meilhan pour un consiitutionnel; cette préoceupation est notamment visible quand elle lui dit qu’elle ne lui a accordé aucune décoration parce que cela est contraire à l’esprit de la constitution nouvelle qui n’admet qu'une parfaite égalité. Il est permis d'affirmer que l’Impératrice ne le trouva pas suffisamment dégagé de tout esprit révolutionnaire. 11 faut croire que Genet n'est guère en mesure de renseigner M. de Montmorin sur la portée du voyage de Sénac de Meilhan, car voici ce qu'il lui écrit à la date du 47 juin (4) : « M. de Meilhan a reçu il y a peu de temps une gratification de 1000 roubles; ce dernier indépendamméènt à plusieurs projets quil a conçus pour l'amélioration des finances de Russie, a, dit-on, un plan secret relatif à la France qu'il ne développera qu'à la paix (2). Il voit souvent l'Impératrice ; il peut lui dire

(1) Archives du Ministère des Affaires étrangères. Corres-

pondance de Russie. Tome CXXXYV. (2) Avec les Turcs.