Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
318 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET
cette lettre à mon conseil, et sans doute ils ont déjà commandé un mandement à un de leurs commis, à moins que la manière dont je reponds à mon conseil ne les en dégoûte. (Papiers R.. Lindet.)
CXCV. — Au méme. Paris, le 16 septembre 1791.
Mon frère, le cérémonial est rempli, le roi a juré la Constitution. Il tiendra de son serment tel compte qui lui plaira. Bien des gens n’y font pas grand fonds, tout le monde cependant est content. Le danger d’une guerre est éloigné : les illuminations ont célébré cet événement. Des réjouissances auront lieu dimanche, le roi est chargé de les commander. Je ne sais s’il voudra communiquer avec le clergé constitutionnel. S’il ne va pas au 7e Deum à Notre-Dame, il y aura encore du tapage. Je ne sais si le peuple entendra raison. En ordonnant la publication solennelle de la Constitution et la fête, il oubliera peut-être le Te Deum.
Je vous ai dit que tout le monde est content. Je mérite un bon démenti. Nos anciens évêques sont furieux. Aucun d'eux n’est entré dans la salle le 14. Ils vinrent dans nos sombres couloirs, et se retirèrent je ne sais où, pour aviser aux moyens de se venger du roi. Ils fabriquent, dit-on, une nouvelle pièce pour déclarer que c’est sur les sollicitations de la Cour qu'ils ont résisté. Ils ont débité avec la défunte noblesse, il y a quelques jours, une nouvelle déclaration ou protestation, mais les 290 sont réduits à 200.
Voilà déjà une défection assez notable.
La défunte noblesse n’est pas moïns agitée de toutes les fureurs. Tous ces braves seront bientôt dans le cas d’être poursuivis comme coupables du crime d’avilissement des pouvoirs constitués.
La cherté du pain et du vin et la rareté du numéraire