Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat

TS

de 40 hommes, «la Bande Royale », qui se livre ouvertement au faux saunage (1).

En 1706, époque où la misère générale fit surgir un grand nombre de bandes organisées, des faux sauniers venus de Lorraine occupèrent la contrée de Melun et nécessitèrent l’envoi de troupes alors qu’on en manquait. Un détachement de faux sauniers eut, cette même année, la hardiesse de venir jusque dans le village de Meudon (2).

Les plus compromis d’entre eux étaient expédiés en Amérique, mais la fraude renaissait presqu'aussitôt avec la même intensité.

Les contrebandiers s’armaient comme les troupes régulières, avec des fusils, des pistolets, des épées, des piques, ou même de simples fourches. En 1649, on en vit qui trainaient avec eux des pièces de canon et vendaient publiquement le faux sel à la porte des églises au son du cor.

Les fraudeurs trouvaient de précieux auxiliaires dans les chiens mâtins, spécialement dressés pour le faux saunage. Ces animaux que l’on emmenait en Bretagne ou en Artois étaient enfermés pendant plusieurs jours sans recevoir de nourriture; puis on les lâchait pendant la nuit, après leur avoir attaché autour du cou ou sur l’échine douze ou quinze livres de sel. Ces chiens, pressés par la faim et par la soif, qu’occasionnait ordinairement le sel mêlé à

(1) Correspondance des contrôleurs généraux. T. I, p. 106, n° 415.

(2) Nouveaux Mémoires de Dangeau, cité par Barry. Histoire Financiére, T. II, p. 23.