Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat

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leur nourriture, retournaient directement, le plus souvent enragés, chez leurs maîtres, en Anjou ou en Picardie. Pour lutter efficacement contre eux, la Ferme avait dû de son côté recourir à des animaux de cette espèce, puis, à peine de 500 livres d’amende, interdire aux habitants des provinces limitrophes de la Bretagne de nourrir et élever ces chiens mâtins (lettres patentes du 6 juin 1734). Cette défense dut être renouvelée par les lettres patentes du 7 mai 1782, qui autorisèrent en outre les préposés de la Ferme à saisir les chiens exposés en vente, et à tirer sur les chiens mâtins qu'ils trouveraient errants dans les campagnes, sans conducteurs et sans billot, et éloignés des habitations.

Les femmes négligeaient également leurs oceupations ménagères pour se livrer à la contrebande. La misère des temps leur faisait souvent préférer l’horrible prison à la liberté, assurées qu’elles étaient d'y trouver la nourriture. En 1699, l’intendant de Caen, Foucault, appelle l’attention du contrôleur général sur l’inefficacité de la répression: « Une femme faux saunière, écrit-il, qui a déjà subi la peine du fouet quatre fois, a déclaré qu’elle ne pouvait faire d’autre profession pour vivre » (1). Et les commis ne se refusaient guère à les incarcérer, à cause de la prime que leur valait chaque arrestation. Les femmes enceintes, en raison de leur situation particulière qui les faisait relächer sans emprison-

(4) Correspondance des Contrôleurs généraux, T. 1. p. 396, n° 1866,