Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat

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nement après confiscation du faux sel, spéculaient activement sur leur grossesse et la compassion de l'administration.

De Chateaubrun, directeur des gabelles à Laval au XVIII: siècle, reconnut vite que le mal comportait un remède énergique. Ordre fut donné d’incarcérer les femmes enceintes qui se livraient au faux saunage, car, écrivait-il à ses préposés, « vous concevez que si l’on relâchait toutes celles qui se livrent à cet infäme métier, la foule s’en grossirait excessivement comme il y a quelques années: et, que de maux affreux naîtraient d’un pareil désordre ! Les fausses couches se multiplieraient par les courses forcées sous la charge, et des milliers de nourrissons, privés le plus souvent de leurs mères, n’offriraient de toutes parts que le spectacle de la langueur et de la mort » (1).

Tout un arsenal de peines monstrueuses ne suffisait pas à arrêter le commerce du faux sel.

Les mesures de répression les plus dures, le fouet, les galères, la mort, « ces peines extravagantes et pareilles à celles que l’on inflige pour les plus grands crimes » (2), atteignaient les faux sauniers, ces gens « criminels à la vérité envers le corps politique, comme le remarque avec raison Forbonnais, mais qui n’ont point violé cependant la loi naturelle » (3).

La législation, plus douce dans les gabelles de

(4) Carrery. La fraude des gabelles sous l’ancien régime. France judiciaire. T. VI, 4" partie, p. 398.

(2) Moxresoutœu. Esprit des: lois. Livre XII, ch. 8. (3) Recherches sur les finances. T. I, p. 508.