Études historiques et figures alsaciennes
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nait. Il disait un jour à Eckermann : « Je ne puis me défendre de la pensée que les démons, pour taquiner l'humanité, font apparaître de temps en temps des figures si attrayantes que tout le monde veut les imiter, et si grandes que personne ne peut les atteindre. » Et il citait comme exemples de ces « êtres inaccessibles » dans des genres divers, Mozart, Shakespeare et enfin Napoléon. Celui-ci eut bientôt loccasion d'exprimer sur Gœthe un jugement pareil, quoique sous une forme plus laconique. Lors de ce congrès de souverains qu'il tint à Erfurt, au mois d'octobre 1808, il eut avec lui une entrevue, qui dura une heure, et dont le détail caractéristique fut ce mot, qu’il prononça deux fois : « Voilà un homme. » C’étaient, dit un des derniers biographes de Gœthe, les deux plus grands hommes du siècle qui se trouvaient en présence, et que rapprochait le sentiment d’une admiration réciproque ‘.
Ce sentiment, qui n’a rien de politique, et
qui répond uniquement à une impression per-
1. Brecscaowsxi, Gæthe, II, p. 316,