Études historiques et figures alsaciennes

LA POLITIQUE FRANÇAISE DE GOETHE 79

sonnelle, explique la conduite de Gœthe lors du grand soulèvement de l’Allemagne contre Napoléon en 1813. On lui demande d'écrire des . chants de guerre, comme son jeune ami Théodore Kœrner : il déclare qu’il n’a jamais rien affecté, qu'il n’a jamais exprimé dans ses vers que ce qu’il éprouvait dans son cœur, et que des poésies guerrières ne seraient chez lui qu’un masque mal appliqué sur son visage. D'ailleurs, ajoute-t-il, la guerre est une œuvre de haine, et, quant à lui, il ne saurait haïr la France, qui a contribué plus qu'aucune autre nation au progrès de la civilisation. Enfin, et c’est là surtout ce qu’on lui reprochait, il ne croyait pas au succès. On assure qu’étant à Dresde, il disait devant Geoffroi Kœærner, dont le fils venait de s’engager dans les Chasseurs Noirs : « Mes bons amis, cet homme est plus fort que vous : vous aurez beau secouer vos chaînes, vous ne réussirez qu’à les faire entrer plus avant dans votre chair. » Une fois de plus, sa perspicacité se trouva en défaut; l’élan d’une nation se montra plus fort que le génie d’un homme,