Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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LA RÉPUBLIQUE; LA CONVENTION 279

rage et doit. jee crois, détruire la Convention tôt ou tard, ir je ne sais comment on peut contenir des gens qui manquent de principes et qui meurent de faim. » Le 5 juin, il ajoute : € Par les gazettes de Leyde, on voit que la question à été longtemps douteuse entre la Convention et les Jacobins avant que la complète supériorité de la première se soit affirmée. Mais une lutte ultérieure peut encore avoir lieu, quoique peut-être sous une bannière différente. Je ne connais aucun moyen de réprimer un peuple qui meurt de faim?. » C’étaient les journées de vendémiaire après les journées de prairial que Morris annonçait ainsi. Mais dans le Journal, au mois d'octobre 179b, on n'en trouve aucune mention. La victoire n'avait pas répondu à ses vœux. Cependant le 26 novembreilnote : «M. Mountflorence arrive de Paris. Il dit que les Français sont tout à lait abattus depuis leur dernier confit avec la Convention; que le présent gouvernement est purement militaire ; que Paris et Orléans sont désarmés ; que Lyon est le théâtre constant de scènes sanglantes ; que Fréron est à la tête d’un fort parti Jacobin dans le Midi de la France; que les Jacobins comptent renverser le présent gouvernement dans un mois ou six semaines et que le manque de pain est lé levier dont ils comptent se servir ?. »

Lorsqu'on est mis en face de ces luttes implacables des partis, on est naturellement amené à se demander quelles étaient les causes et les forces qui poussaient ainsi les Français à se jeter les uns sur les autres comme des bêtes furieuses, aux jours où la patrie était en danger. Tous ces hommes professaient à peu près les mêmes principes de liberté et les mèmes sentiments de patriotisme.

A la rigueur on comprend encore la guerre entre les Girondins et les Jacobins, quoique dans la Convention ils ne diffèrent guère par leurs opinions et par leurs votes. J'en prends à témoin M. Aulard qui ne les trouve vraiment divergents que sur l'influence respective que devaient exercer Paris et les départements *, Morris montre bien que dès le

1. T. I, p. 84. — 2. T. I, p. 88. — SR lTp ES 0: h. Histoire politique de la Révolution française, p. 305-420.