Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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déclara qu'ils iraient jusqu’au bout. Ils obéirent parce qu'ils … s'étaient trop confiés à lui. Dans cette importante journée sa conduite personnelle, dans une large mesure, décida du succès. Il méritait récompense et un grade militaire lui fut accordé avec l'opportunité de s'enrichir. Vous savez quelque chose de Dumouriez. La Convention se méfiait de lui. Westermann reçut commission de le détruire (destroy) s’il bronchait. Cette commission fut montrée au général. Elle devint le lien qui l'unit à Westermann. Dumouriez entra en négociation avec le roi de Prusse. Les principaux émigrés, confiants dans leur force et respirant la vengeance, fermèrent les oreilles du roi. Thionville fut défendu. parce qu'un membre de l’Assemblée constituante vit son propre sort dans celui de La Fayette, Metz ne fut pas livré parce que personne ne demanda les clefs et qu'on eut les mêmes appréhensions qui avaient exercé leur influence à Thionville. Le roi de Prusse attendit ces prete de loy auté jusqu’ à ce que ses provisions fussent épuisées. Alors il trouva nécessaire d'entrer en marché pour une retraite. Cela valut à Westermann environ dix mille livres (pounds). Le Conseil, persuadé qu'il avait trahi leur sanglant projet, a suscité contre lui une poursuite sangui= naire pour de vieilles affaires qui ne sont pas d’un rang plus élevé que le vol et et léger !. Il a désiré être jugé par un conseil de guerre ? ane la chute de Danton, Morris écrit-1il au même : « Dans la lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire le 10 janvier 1793 je vous donnais quelques traits de M. Westermann et comme mes dépèches publiques vous avaient déjà communiqué les plans de M. Danton, ce qui vient de leur arriver ne vous surprendra pas. »

D'autre part, voici ce que Morris apprit à Francfort, il est vrai au mois d'avril 1798, lorsqu' il allait partir pour l'Amérique : « Crauford (c'est un écrivain anglais qui vécut long= temps en France avant et après la Révolution) m'a aussi

1. Petit Lareany. C'est le vol d'un objet ne dépassant pas la valeur d'un shilling. Au-dessus de ce chiffre le vol était alors encore puni de mort en Angleterre : Blacksione, Commentaires, L. IV, ch. xvr.

2. T. IL, p. 26. — 3, T. IL, p. Go.