Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

CHAPITRE VI

LE DIRECTOIRE, LE CONSULAT ET L'EMPIRE LA RESTAURATION

I

Morris n’a vu le Directoire que du dehors, comme tout ce qu'il verra de la France désormais. C’est en mai 1795 à Altona qu'il entend parler pour la première fois de la nouvelle Constitution que lon prépare et qui devait être un jour la Constitution de l'an IT: « Les nouvelles de Paris, qui ne sont point de fraiche date portent que l’on songe à adopter la Constitution américaine ; on parle de Pichegru et de l'abbé de Sieyès comme président. Le premier a son quartier général à Versailles. » Ces renseignements sont accompagnés d’une autre nouvelle à grand effet : « Mon hôtesse me dit que le bruit court en ville que le jeune roi de France et sa sœur se sont échappés du Temple et l’on suppose qu'ils sont allés rejoindre Charrette! . »

La première nouvelle n'était pas plus exacte que la seconde. La Constitution de l’an I, il est vrai, comme celle de 1791, ressemble à la Constitution américaine, plus encore que celle-ci : elle a plus rigoureusement qu'aucune autre appliqué le principe de la séparation des pouvoirs. Mais elle en diflère aussi profondément par d’autres côtés surtout par le point que visait Morris. Ce n'est point un régime présidentiel, mais un régime directorial qu’elle établit pour le pouvoir exécutif. Il était alors impossible qu'il en fût autrement. L'idée de République était liée à celle d’un exécutif collégial. Un

TND Il p 82.