"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LES SOURCES : FOFtTIS.

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de botanique et de géologie 1 ». M. Filon, d’autre part, bien qu’il suspecte, et pour cause ! la sincérité de Mérimée, déclare à son tour le Voyage, de Fortis « un bouquin pédant et insipide 2 ». Le livre du savant abbé est —qu’il nous soit permis de le dire bien autre chose qu’un « bouquin pédant et insipide» ; et, s’il y est question de« géologie, de botanique et de métallurgie», ce n’est pas là le seul intérêt qu’il présente à qui veut s’instruire. Il y avait deux façons de suspecter la bonne foi de Mérimée : croire qu’il affectait lui devoir quelque chose, sans qu’il en fût rien, dans le seul but de se couvrir d’une autorité; ou croire enfin qu’en reconnaissant lui avoir fait quelque emprunt, il ne faisait qu’obéir à un scrupule de conscience, sans déclarer toutefois jusqu’à quel point il lui était redevable. C’est l’hypothèse qu’un examen plus attentif de l’ouvrage de Fortis a nous fait admettre comme la plus vraisemblable. Rendons au bon abbé ce qui lui appartient : son deuxième chapitre, celui que Mérimée a mis plus particulièrement à contribution, est un petit chef-d’œuvre dans son genre. I i . LES ILLYRIENS DE FORTIS Écrit sous la forme d’une lettre adressée à Mylord John Stuart, comte de Bute, ce deuxième chapitre qui traite des « Mœurs des Morlaques 3 » nous donne quantité de renseignements utiles sur la vie privée de ces

1 Les Contemporains, n" 79, Mérimée, Paris, 1857, p. 37. 2 Mérimée et ses amis, Paris, 1894, p. 37. 3 Viaggio in Dalmazia, 1.1, pp. 43-105.