"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE ’ V.

populations ; leurs coutumes, leurs usages, leurs inclinations, leurs fêtes, leurs croyances, leurs rapports entre hommes et femmes sont autant de sujets qui ont attiré l’attention d’un voyageur curieux d’apprendre du nouveau et de faire profiter les autres de ses observations. On trouve dans son livre tout un arsenal d'informations très judicieuses, et qui, si elles ne sont pas toujours exactes, sont le plus souvent notées avec une grande précision et bien faites pour servir de documents à qui veut faire paraître une connaissance approfondie des mœurs et institutions des « Morlaques ». Tour à tour l’auteur y parle des origines de ce peuple ; de l’étymologie du nom qu’il porte; de la différence qu’il y a entre les montagnards et les habitants des bords de l’Adriatique; puis ce sont les heyduques ou brigands illyriens qu’il nous fait connaître; pour s’étendre ensuite sur les « vertus morales et domestiques » des habitants de ces pays ; leurs « amitiés » et leurs « inimitiés »; leurs talents; les arts qu’ils cultivent; «les manières des Morlaques » sont autant de choses que nous apprenons dans son livre; les cérémonies du mariage, l’alimentation, les meubles, les cabanes, l'habillement, les armes, tout cela l’intéresse ; il nous parle de la poésie, de la musique, des danses et des jeux; de la médecine; des funérailles enfin; toute la vie publique et privée des « Morlaques ». Malheureusement, les Serbo-Croates que Fortis avait vus forment une tribu aux confins des contrées habitées par cette nation ; leur pays est naturellement isolé; ils mettent tout leur soin à ne pas se laisser pénétrer par les populations voisines. C’est ainsi que Fortis qui croit peindre une nation, peint .en réalité certains individus très, particuliers ; il juge d’après les coutumes toutes locales, les mœurs, les usages, les sentiments de tout