"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

les sources : fortis.

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un peuple; il croit aller au général, signaler les traits distinctifs d’une race et U ne fait qu'indiquer certaines différences qui existent de province à province. Déplus,. Fortis, Italien et catholique, en dépit de ses sympathies pour les « Morlaques », ne pouvait juger impartialement un pays que divisait la question des religions et où la sienne se trouvait intéressée, un pays enfin où sa propre nation était détestée. D’autre part, il était littérateur ; avec beaucoup de curiosité, il avait le goût du pittoresque plus que les qualités du psychologue ; il se laissait prendre à l’extérieur des choses qu’il voyait, sa fantaisie s’y amusait et Fortis était pour beaucoup dans la nature des observations que faisait l’abbé Fortis. Mais il savait infiniment de choses et ce qu’il avait vu il était très capable de le faire voir aux autres. Si ses observations ne sont pas toujours très exactes, elles témoignent néanmoins d’une justesse de vue remarquable à cette époque, pour des choses qui lui étaient étrangères. Il avait accepté dans une large mesure les idées les plus nouvelles; ses amis d’Angleterre, nous l’avons vu, avaient réussi à lui donner quelque goût pour la poésie populaire ; il était donc homme à comprendre un peuple (( primitif ». Sans nier les cruautés, les excès abominables qu’on peut voir en Dalmatie, il prend la défense du peuple « inorlaque », qui n’est pas responsable, dit-il, des atrocités commises par quelques individus corrompus. Cet état de corruption d’une certaine catégorie de gens, il l’explique; il nous dit pourquoi il y a des heyduques, des outlaw serbes, qu’un concours de circonstances a jetés dans cette vie irrégulière : ce furent les guerres continuelles avec les Turcs, ce voisinage d’une nation sanguinaire et cruelle, qui, peu à peu, ont développé en eux des instincts de férocité, le goût d’une existence aventureuse, pleine de périls, de misères,