"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LES SOURCES : FO RTT S (suite).

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de Mérimée présente bien des analogies avec certaines légendes des bords du Rhin. La seconde ballade dans laquelle Mérimée parle de 1 amitié quiunitles Illyriens, les Pobratimi*, estconçueà la façon d'un scénario dramatique. Il n’y a rien là de véritablement lyrique et populaire, rien qui nous fasse songer à un pays plutôt qu’à un autre; deux hommes aiment une même femme, mais ils sont liés d’étroite amitié, aussi préfèrent-ils sacrifier celle qu'ils chérissent tous deux plutôt que de détruire le sentiment qui les attache l’un à l’autre. Ce partage de Salomon nouveau genre, cette terrible histoire, nous l’avons dit, n’appartient nécessairement à aucun pays; l’auteur de la Guzla avait eu la sincérité d’avouer dans une note supprimée dans les éditions postérieures, que l’auteur du Théâtre de Clara Gazul y avait sans doute trouvé le thème d une de ses saynètes espagnoles. Je suppose, dit-il, que cette chanson, dont on a donné un extrait dans une revue anglaise, a fourni à l'auteur du théâtre de Clara Gazul l’idée de l'Amour Si nous avons affaire dans les Pobratimi à un petit drame: le drame de l’amour sacrifié à l’amitié, nous trouvons dans la troisième ballade : la Querelle de Lepa et de Tchernyegor^, toute une comédie. Il y a là comme une parodie discrète des chants dont le ton est plus sérieux; Mérimée s’amuse à se moquer de l’auteur de la Guzla, On y pourrait voir aussi, jusqu’à un certain point, une contrefaçon plaisante d’une querelle célèbre: la querella d’Agamemnon et d’Achille dans l’lliade. Généreux, ivrognes, rancuniers, mais point

1 La Guzla, pp. 225-231. - Idem, p. 231. 3 Idem, pp. 193-205.