"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

« LES MONTÉNÉGRINS. »

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heyduques il n’a pas su comprendre le caractère tout particulier que donne à ces brigands la lutte qu’ils soutiennent contre les oppresseurs et c’est là ce qui eût été véritablement « illyrien » ; la jeune fille : il ne l’a pas connue; l’amitié, telle qu’elle existe en ces pays : nous avons dit combien ses ballades étaient insuffisantes pour la peindre. I 5 « LES MONTÉNÉGRINS » La Première République, après ses victoires remportées sur les Turcs d’Égypte, avait été saluée avec enthousiasme parles Slaves balkaniques, qui ne supportaient qu’avec impatience le joug de Venise, de l’Autriche et de la Turquie. Mais dès que Napoléon en vint jusqu’à faire alliance avec le sultan de Constantinople, tout changea de face' 1 . Sous l’influence russe, le Monténégro devint un foyer d’intrigues et d’excitations contre la domination française dans les Provinces lllyriennes, anciennes dépendances de Venise et de l’Autriche. Une longue guerre s’engagea entre les garnisons françaises et les Monténégrins qui, désireux d’obtenir un débouché sur la mer, ne cessaient de réclamer la possession de Cattaro, ville située à quelques centaines de mètres de leur frontière. Aidés par l’amiral russe Siniavine, ils repoussèrent les Français jusque dans Raguse et mirent le siège devant Cattaro 2 . Enfin vaincus, ces montagnards ne cédèrent pas sans avoir vaillamment combattu. Ils n’oublièrent pas leur défaite et essayèrent de

1 Cyprien Robert, Les Slaves de Turquie, Paris, 1844. A. d’Avril, La France au Monténégro, Paris, 1876. 2 P. Pisani, La Dalmatie de 7797 à 78-is, Paris, 1893.