La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

68 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

pas le discours que la Commune fit imprimer et publier. Il semble perdu. M. Hamel n’a pas réussi à le rencontrer. C'est grand dommage. Raisonnons donc sur ce que nous avons.

Deux partis fermes se présentaient.

1° Résister au décret de la Législative.

2° Se soumettre véritablement au décret, en se présentant à la réélection, sans protestation collective.

Manuel conseilla le premier parti.

Robespierre, à mon avis, ne conseilla exclusivement ni lun ni l’autre.

Dans l'adresse où il plaidait devant le peuple les mérites de la Commune et la perfidie, les intrigues, l’ingratitude de l’Assemblée (sans doute avec des circonlocutions habiles) et où il finissait par déclarer : « Nous remettons nos pouvoirs au peuple. C’est à lui d’aviser. » Robespierre disait (selon moi) : « Nous n’obéissons pas à l’Assemblée : nous ne reconnaissons pas sa suprématie, ce n’est pas à elle, c’est au peuple que nous remettons nos pouvoirs. Il verra le parti qu'il doit prendre. » Et Robespierre pensait à part soi : « Que ce soit la réélection tout simplement, ou l’action directe et colérique de la foule sur l’Assemblée, le choix du peuple, quel qu'il soit, sera bien fait; nous nous en lavons les mains ».

Bref, ce que demande Robespierre, ce n’est pas l'appel au peuple pur et simple, comme celui que quelques Girondins conseilleront quelques mois plus tard — conseil qu’on leur a souvent reproché, et qui a été l’un des chefs d'accusation dans leur procès — c’est tout à la fois l'appel au peuple électoral et l'appel à la violence ou à la pression populaire. Et, de plus, cet appel au peuple est un acte d'accusation contre l'Assemblée législative, puisqu'il est un prétendu développement des manœuvres et des calomnies de l’Assemblée. Il me semble que l’auteur du discours fait là quelque chose qui peut bien porter le peuple à user du procédé irrégulier plutôt que du procédé légal — et il s’en doute bien, ou il serait singulièrement inintelligent.