La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

220 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

de services, de richesses (il les confère). Pèle-mêle il y entasse ses officiers, ses fonctionnaires, des émigrés, des étrangers, des vainqueurs, des vaincus, des ambitieux, des mécontents, pour n’y plus compter — c’est son rêve — que des satisfaits. « Dans sa bâtisse européenne comme dans sa bâtisse française, l’égoïsme souverain a introduit un vice de construction » (1) — son égoisme d’abord, puis celui de ses gens (2). Niles collèges, ni la Légion, ni la noblesse, ni les fonctions, ni le Sénat ne forment dans la nation des centres. Seul « l’individu se fait centre » (3;. L'Empereur veut un corps intermédiaire et le crée ; puis il le redoute et l’abaisse. Il enrichit le Sénat, le titre, mais l'humilie (4). Donc

(1) Taine. Régime moderne, t. I:r, p. 116.

(2) «Il était persuadé que nul homme appelé à paraître sur la scène publique ou engagé seulement dans les poursuites actives de la vie ne conduisait et ne se pouvait être conduit que par l'intérêt. » Metternich. Mémoires, t. Ier, p. 241.

(3) Taine. Op. cit., p. 349, et voir tout ce beau chapitre III du livre III.

(4) (a) «.…. Il y avait dans la puissance de Napoléon, au pointoù elle était parvenue, et dans ses créalions politiques, un vice radical, qui me paraissait devoir nuire à son affermissement et même préparer sa chute. Napoléon se plaisait à inquiéter, à humilier, à tourmenter ceux qu’il avait élevés ; eux, placés dans un état perpétuel de méfiance et d’ieritation, travaillaient sourdement à nuire au pouvoir qui les avait créés et qu'ils regardaient déjà comme leur principal ennemi. »

Talleyrand, op. cit., t. Il, p. 17.