La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

299 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

« — Eh bien! citoyen Ræœderer, nous vous avons placé entre les pères conscrits, dit le premier Consul. — Oui, général, vous m'avez envoyé ad patres. »

Sérurier, nommé sénateur en remplacement de Rœderer, écrit à Cambronne : « C’est une honorable retraite à laquelle le général Bonaparte m'a porté... (1). »

Enfin, par ses titres, par sa dotation, par sa composition, par son principe, ce Sénat, comme tous ces corps aristocratiques, comme tout l'Empire, repose sur la victoire. C’est une institution, c'est un règne, c’est toute une société artificielle, arbitrairement fondés sur un accident qui dure. Ils s’effondreront après la retraite de Russie, dès la capitulation de Paris.

La Révolution n’est pas finie, comme le proclamaient ingénument Sieyès et Bonaparte en 1800, mais la Contrerévolution commence. Et, de l’une à l’autre, l'aristocratie révolutionnaire de parlementaires fourbus que voulut Sieyès, l’aristocratie de parvenus que créa Napoléon, le Sénat conservateur, tend la main.

(1) Tuetey. Sérurier, Paris, 1899, p. 294. Et v. Annexes VII, les fragments des Mémoires de Grégoire.