La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

ÉCHEC DE LA CONSTITUTION SÉNATORIALE 225 saient d'autant moins que la théorie d’une pairie, institution nationale, était sans doute déjà fixée et que l'exemple du Parlement britannique, l'autorité de Montesquieu donnaient à une pairie moderne comme une seconde légitimité.

Quoique M. de Montesquiou fût isolé dans la commission et que le Sénat püt compter sur les résolutions de l’empereur Alexandre, qui promettait d’avoir raison de l’obstination des revenants, l'opposition libérale tentait en vain de prolonger sa résistance, A peine discutait-on de la compétence constitutionnelle du Sénat (1). « Qui êtes-vous ? qui sommes-nous ? demandait M. de Montesquiou à Lambrecht. Qui vous a donné le droit de parler au nom du Roi ? Où sont vos pouvoirs ? Où sont les miens ? Une Constitution sans la nation et sans le roi, voilà, je crois, la chose la plus étrange qui se soit jamais faite ». Et dans une dépêche il proposait au roi ces questions : « Quels sont vos titres ? Vous n'avez que ceux qui vous furent concédés par Napoléon; j'ai, au contraire, ceux de mes pères... »

La ration se désintéressait d'une Constitution où elle ne voyait, selon le mot qui courut alors, qu'une «constitution de rentes ». Réduite au maintien ou à la suppression du traitement de quelques sénateurs, la

(1) Réflexions de M. Bergasse sur l'acte constitutionnel du Sénat, 181%. 15