La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

THÉORIE DU COMTE DE LABORDE 251 ce qui revient à dire, en somme, que les grands propriétaires forment dans la monarchie le corps intermédiaire qui y est essentiel. |

« Aujourd'hui (1814), cette propriété est, en géné( ral, dans tous les pays, établie assez graduellement « depuis une grande Jusqu'à une très petite étendue de « terrein. Il est donc dificile de fixer en quoi doit con« sister la grande ou la moyenne aristocratie.

« Cependant, comme, en général, les richesses sont, « ou la récompense de grands services, ou le pro« duit de grands talents, les descendants de ces riches « propriétaires ont plus ou moins ajouté à leur fortune, « des titres, des honneurs ou des souvenirs qui les dis« tinguent déjà dans la société : ainsi il existe naturelle« ment une classe non pas privilégiée, mais distinguée, « qui se place au-dessus des autres d’une manière à « être reconnue pour former la base de la représenta« tion nécessaire de la propriété. »

Le nombre des individus de cette classe reste constant par l'équilibre entre les extinctions et l'entrée de nouveaux éléments, car chacun peut entrer dans cette aristocratie, — et l’auteur s'attache aussitôt à rassurer les esprits : «On sent qu’à la tête de ces hommes distingués je place les familles dont les noms sont chers à la-patrie... »

A cette aristocratie fixe, principe de force et de conservation, s'oppose l'aristocratie mobile ou de talent, principe d’action : celle des orateurs, des commerçants, des industriels, etc. ; à cette classe compacte, stable, héréditaire, cette société en formation continue, nom-