La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

254 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

juste encore en 181% et si, dans une très large mesure, la Charte et les ordonnances postérieures l’appliquent dans la constitution de la Chambre des Pairs, il convient de faire cette réserve que bientôt elle sera caduque ; que l’évolution de la société atteint et déplace les forces ainsi réparties et équilibrées. Napoléon, à son retour de l'ile d’Elbe, en paraîtra averti ; la monarchie de Juillet devra, vingt-cinq ans plus tard, en tenir compte, et déjà sous la Restauration les Considérations sur les révolutions de l'Europe (1), prétendant rassurer sur l’attitude de l’ancienne noblesse, signalent l’évanouissement prochain de l'aristocratie territoriale devant l'aristocratie mobilière que la bourgeoisie organise par son labeur individuel :

« La propriété foncière est maintenant dans un tel « état d'avilissement par le trop bas prix des denrées, « que c’est encore une révolution qui se prépare contre « les grands possesseurs des terres, de sorte qu'il n'y « aura de véritable richesse que celle qui sera fondée « sur l'industrie et sur le commerce; or, comme toute « l’organisation politique actuelle repose sur une grande « administration financière, l'influence qu'on pourra « craindre serait plutôt celle de ces fortunes colossales « qui ressemblent à des mines où les gouvernemens « puisent leur politique. Voilà les véritables privilèges « qui, sans réclamer d'anciennes dates, fondent leur « énorme pouvoir sur la nécessité de ce nouveau mouve« ment social, que la simple propriété foncière ne peut

(1) p. 124.