Louis XVI et la Révolution
L'AGITATION A PARIS.
$ 2. — CLugs ET Carés.
Les tribunes elles-mêmes subissent une influence au moins égale à celle qu’elles exercent. L'opinion de la France, personnifiée dans l’Assemblée, est modifiée, ou pour mieux dire surexcitée par les clubs, que les tribunes représentent. Sans prétendre même esquisser une histoire des elubs, il est nécessaire d’en dire un mot ici.
Les clubs n’ont pas été créés par la Révolution. C’est bien avant 1789, à peu près au moment de l'affaire du collier, qu’ils font leur apparition. Ils sont dus en partie à l’anglomanie dominante de la fin du siècle; en mars 1789, Gouverneur Morris écrit à Washington : « Ce pays présente un spectacle étonnant pour celui qui a pris ses idées dans des livres, et dont les renseignements sont vieux de six ans. Toute chose y est « à l'anglaise », et le désir d’imiter les Anglais domine aussi bien dans la coupe d’un habit que dans la forme d’une constitution. Comme les Anglais aussi, tout le monde est en train de faire du parlementarisme. » Enfin la faiblesse inintelligente du gouvernement permet à des cercles politiques de s'ouvrir, si même elle ne les favorise pas : « Au milieu d’une effervescence remarquable, dit M*° du Hausset dans ses Mémoires, on laissa établir dans Paris des clubs, à la manière anglaise. Cette nouveauté et les conséquences qui pouvaient en résulter ne frappèrent presque personne. Un ministre ayant dit avec un air de satisfaction : « C’est demain que s'ouvre le premier club à Paris, » quelqu'un lui répondit : « C’est une plante nouvelle, et qui nous donnera du fruit nouveau. Mais ce n’est pas une plante monarchique. » Le ministre le regarda avec un sourire moqueur, en disant : « Qu'est-ce que cela veut dire? » La même personne répéta : « Un club n’est pas une plante monarchique. » L'interlocuteur du ministre était bon prophète; mais il voyait
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