Mémoires sur la Révolution française

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182 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT que j'allais avoir un homme pour compagnon. Pourtant, à l'arrivée du prisonnier, je reconnus que c'élait le vieux docteur Gem, médecin anglais établi en France depuis quaranteans el qui en avait quatrevingts. Je vis avec grand chagrin un homme de son âge entrer dans un aussi pitoyable logement : il {ut lui-même surpris et désolé de me trouver là, parce qu’il avait entendu dire que mon sort allait étre bientôt décidé. Il savait qu’il ne risquait pas d’être mis à mort, parce que c'était un philosophe, et je regrette de le dire, un athée. Il paraissait vouloir m’entretenir beaucoup de ces sujets, mais je le priai toujours de me laisser dans ce qu'il appelait mon ignorance, la religion étant ma seule consolation au milieu des scènes effroyables que je traversais : c’est elle qui me soutint jusqu’à la fin, pendantquelui, pauvre homme! était dans le désespoir de se trouver séparé du monde et de toutes ses habitudes.

J’essayais de le distraire et de le faire rire, mais