Mémoires sur la Révolution française

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NOTRE PITOYABLE NOURRITURE 183 alors il fondait en larmes en me disant: « Vous paraissez heureuse et contente, pendant que, d'ici à peu de jours probablement, vous mourrez sur l’'échafaud, et moi, misérable vieillard, je regrette mes aises et un chélif bien-être | » Je faisais son lit, je nettoyais son côté de la chambre, je lui lavais la figure et les mains

‘et je raccommodais ses bas. Enfin je faisais pour lui ce que son grand âge et sa faiblesse ne lui permettaient pas de faire. i

À cetteépoque, on nous permit de garder les chandelles allumées jusqu’à dix heures; c’est alors qu'on fermait la prison. Mon vieil ami se couchait à sept heures, et je restais à travailler jusqu’à dix. Il se levait à quatre heures, découvrait le feu, allumait une chandelle et lisait Locke et Helvétius jusqu’à sept heures. Il venait alors à mon lit, m'éveillait ei souvent interrompait un rêve heureux qui m'avait conduite en Angleterre auprès de mes amis, pour me re-

plonger dans une affreuse prison, attendant mon

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