Mémoires sur la Révolution française

JE FAIS RELACHER LE DOCTEUR GEM 4155

Le député dit qu’il était de mon avis et que le lendemain le vieux docteur quitterait la prison et serai con: finé chez lui à Meudon. Je ne fus jamais si heureuse qu'en apportant ces bonnes nouvelles à mon vieil ami.

Après l'audience on me ramena dans ma chambre où je trouvai le pauvre docteur dans son lit, profondément endormi : je m’assis près de lui, je le veillai, alors au bout de dix minutes il cessa de dormir, et je lui fis part de mes bonnes nouvelles. Il fut enchanté de s’en aller chez lui, mais réellement désolé à mon sujet : je lui avais procuré la liberté, et la seule que je pusse espérer, je ne pouvais l'obtenir que sur l’échafaud. Nous pleurâmes beaucoup en nous séparant : il ne s'attendait pas à me revoir jamais; nous vécümes pourtant assez tous deux pour nous retrouver, et je le vis la veille de sa mort. Il était plein d’égards et d'affection pour moi depuis le commencement de nolre-séjour en prison, et, lorsque j'en fus sortie, il

faisait chaque jour un mille pour me voir. Ce vieil-