Mémoires sur la Révolution française

188 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT réellement je crois que c'était du cheval, de l’âne ou ile la vache crevée. En somme, le plus pauvre menliant, en Angleterre n'aurait pas voulu manger ce qu’on nousservait. Nous n’avions que du pain d'orge dégoûtant qui nous prenait à la gorge; j'en souffrais extrêmement à celte époque et je ne pus rien avaler pendant trois jours. Je ne pouvais avoir ni gargarisme, ni boissons adoucissantes, ni même une goutte d’eau propre pour me rafraichir la bouche, malgré une fièvre violente. Il faut avoir été dans la position où je me trouvais pour se faire une idée de mes souffrances : j'implorais ardemment la mort. Quoiquecouchée sur un sale et misérable grabat, il me semblait quetout valait mieux que de périr de la main du bourreau et de servir de spectacle à l’affreuse populace, qui suivait les victimes jusqu’à l’échafaud. Je fus désolée de voir quesans secours et sans soins ma gorge allait mieux, et enfin je revins à une santé

parfaite. Pendant ma maladie, mescompagnes de pri-