Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1814 — CAMPAGNE DE FRANCE 233

Le 20, le maréchal, chargé de défendre les abords d’Arcis-sur-Aube, fit une vigoureuse résistance au villagè du Grand-Torcy.

Le 21, nous descendîmes à Arcis, où nous trouvâmes l'ennemi que nous attaquâmes et qui engagea le feu dans les rues. Le maréchal m’ordonna de marcher en avant : je pénétrai dans la ville avec deux compagnies d'infanterie, et, tandis que je m'elfaçais dans les embrasures des portes, pour éviter les balles, en criant toujours « En avant! », de braves soldats, placés dans le milieu de la rue, ne craignaient pas de tirer leur coup de fusil, rechargeaient à la vue de l’ennemi et tombaient à mes pieds. Enfin, après un combat opiniâtre où

mars et ayant repoussé Macdonald et Oudinot le long de la Seine, se retirait à l'approche de Napoléon, en rappelant entre Troyes et Arcis-sur-Aube ses corps dispersés.

Napoléon songeait déjà à se porter sur les derrières de l'armée de Bohême, mais il voulut tenter de tomber sur les colonnes en mouvement et, rappelant à lui Macdonald et Oudinot, lança sur l'Aube Ney et Sébastiani. Ils y parvinrent le 20 dans la matinée et signalèrent l'approche de l’armée de Bohème : Schwarzenberg, arrêtant sa retraite, se portait en avant pour la bataille.

Ney, envoyé en amont sur la rive gauche, au Grand-Torcy, y contint tous le jour les assauts répétés des Austro-Bavarois du corps de Wrède, et les repoussa finalement. Sébastiani parvint à contenir la cavalerie alliée en avant d’Arcis, où arrivait cependant l’arrière-garde avec Friant. On resta au soir sur les positions. Le lendemain 21, l'Empereur dut se rendre à la raison et aux conseils de ses maréchaux : il ordonna la retraite sur la rive droite de l’Aube, laissa Oudinot bordant la rivière, en face de Schwarzenberg, surpris et déçu, et reprit alors son projet de mouvement par Vitry, Saint-Dizier et Bar.

Le combat du 21 dans Arcis, dont parle O. Levavasseur, ne fut seulement qu'un épisode de la retraite au delà de l’Aube. (Note de l'éditeur.)