Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1814 — CAMPAGNE DE FRANCE 235

et tandis que nous prenions position sur Joinville, Chaumont, Bar et Saint-Dizier, pour couper le passage à l’ennemi, qui ne se montrait nulle part, celui-ci marchait à grandes journées sur Paris! Le fil était perdu, la trace des Alliés échappait à Napoléon. Cependant une dernière victoire devait encore illustrer la fin de cet homme extraordinaire.

Le 21 mars, l'Empereur coucha à Sommepuis et le 22 à Faremont, près de Vitry, occupé par l'ennemi, qu’on ne put prendre, faute d'artillerie de siège, et que le maréchal fut vainement chargé de sommer; enfin, le 23, le quartier impérial et l'infanterie parvinrent à Saint-Dizier.

La marche continua le 24 et le 25 par Joinville en remontant la Marne vers Chaumont.

Le 26 mars, l'Empereur, inquiet de ce que les différents combats de notre arrière-garde n’ont eu lieu qu'avec de la cavalerie légère, se détermine à pousser une forte reconnaissance sur Saint-Dizier, afin de se convaincre qu’il a affaire à l’armée. Là, près de la ville, après avoir passé le pont, que l'ennemi croyait pouvoir défendre avec de l’artillerie, les dragons du général Lamotte enfoncèrent et sabrèrent avec vigueur tout ce qui se présentait devant eux. Dans cette belle charge, le brigadier de dragons Fremaux, de Breteuil, pénétra seul au milieu des rangs ennemis sur une batterie