Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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et eut l’audace de ramener au trot une pièce d’artillerie, qu'il vint lui-même présenter à l'Empereur (1). Napoléon ordonna immédiatement qu’on donnât à Fremaux, comme indemnité de la valeur du canon, qui lui appartenait, vingt-cinq louis et la croix. Cependant les événements privèrent Fremaux de cette dernière récompense et ce ne fut qu'en 1818, après mille démarches et les attestations de beaucoup de braves, que nous parvinmes à lui faire obtenir la décoration.

Le combat de Saint-Dizier laissait entre nos mains 500 prisonniers, mais l'Empereur acquit ce jour-là la funeste certitude de sa trop longue illusion! Un instant, devant Vitry, il hésita sur le parti qu'il avait à prendre : se retirer dans les Vosges et livrer Paris aux Alliés; compter sur l'effet de l'esprit national pendant qu'il guerroyerait dans ces montagnes, c'était une pensée qui offrait peu de chances de succès. Il l’eut cependant; mais le prince de la Moskowa et le prince de. Neuchâtel

lui représentèrent qu’il n’était plus temps, et le déterminèrent à marcher sur Paris. Napoléon

(1) Octave Levavasseur était originaire, on se le rappelle, de Breteuil. — Le combat de Saint-Dizier fut surtout une suite de brillants engagements contre la cavalerie de Winzingerode qui était établi sur la rive droite de la Marne, ayant sa gauche appuyée à Saint-Dizier, défendu par un détachement d’infanterie : la ville fut enlevée au pas de charge par les troupes d'Oudinot.

Cette dernière victoire de Napoléon ne pouvait que lui dessiller les yeux et le convaincre que le gros des Alliés était en pleine marche sur Paris. (Note de l'éditeur.)