Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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espèce de traité avec lui, mais qu'ils traiteraient directement avec l’armée.

Cette nouvelle et les journaux, qui firent connaître le soi-disant enthousiasme avec lequel les Alliés avaient été reçus, exaspérèrent une grande partie de l’armée, et notamment la Garde. Suivant ces vieux soldats, il fallait faire de Paris un second Moscou et punir une telle félonie : l’ordre d’attaquer était résolu.

Cependant, une grande partie des officiers qui réfléchissaient sur la situation gardaient le silence. Ce fut sur ces entrefaites que l'Empereur voulut passer la revue des troupes, qui venaient pour prendre position à Essonnes. Nous assistämes à cette revue dans la cour du château. A peine futelle terminée qu’une grande quantité d'officiers forma le cercle autour de l'Empereur; la plupart d’entre eux s’avancèrent et demandèrent des grades et des titres : « Sire, disait l’un, je suis capitaine et je demande le grade de chef d’escadron. » — « Sire, reprenait un autre, je sollicite le titre de baron. » A toutes ces demandes l'Empereur répondait : « Accordé. » Il n’en refusait pas une seule; Berthier suffisait à peine à inscrire sur son calepin les noms des solliciteurs et les grâces dont ils étaient l’objet, au point qu’à la suite de cette promotion, on courait encore chez lui se faire enregistrer. Indépendamment de ces grades et de ces titres, l'Empereur distribua des gratifications à chaque officier.