Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1815 — LES CENT JOURS. WATERLOO 263

prendra l’autre... » Lecourbe, tout en répondant qu'il est sans rancune contre Bonaparte, se détermine et accepte.

Le comte d'Artois, ne pouvant marcher sur Grenoble, avait quitté Lyon et s'était retiré sur Moulins. Il envoya le duc de Maillé auprès du maréchal, qui l’invita à dîner. Pendant le repas, le maréchal recommanda au duc de Maillé d’engager le prince à lui donner un rendez-vous et à faire en sorte de nous rejoindre entre Auxonne et Besançon; il l'assura que, si l’empereur d'Autriche était étranger au mouvement, cette échauffourée n’aurait aucune importance. « C’est, dit-il, le fait de Bonaparte seul. On a parlé de généraux autrichiens qui se sont rendus à l’île d'Elbe; cette circonstance semblerait indiquer des relations entre Bonaparte et la Cour de Vienne. S'il en était ainsi, la cause des Bourbons courrait des dangers et, dans le cas où François II se présenterait avec sa fille et son petit-fils à la tête d’une armée, la cause de la dynastie nouvelle serait compromise; mais Bonaparte par lui-même n’est rien. » Le duc de Maillé, loin de combattre le maréchal dans ses appréhensions, semblait au contraire, par sa contenance, les partager.

Enfin, le maréchal Ney part le 11 mars pour Lons-le-Saulnier, pour se mettre à la tête de ses