Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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lui avons prêté serment, et, pour conserver notre honneur, nous le servirons avec la même fidélité que nous avons servi l'Empereur. Je compte sur vous tous; vous me verrez à votre tête. Si cependant quelqu'un de vous, par des affections particulières, répugnait à faire cette guerre, qu'il le dise franchement : les ordres seront donnés pour qu'il retourne dans ses foyers, car je ne veux avoir auprès de moi que des braves et des hommes sur lesquels je puisse compter. Voilà, messieurs, ce que j'avais à vous dire. »

Me confondant dans la foule, j'observais la disposition des esprits, et, sur l'escalier, j'entendais des murmures, annonçant que les paroles du maréchal n'étaient pas généralement goûtées. Dès cet instant, toute l'aristocratie de la ville et de la campagne encombra les salons en témoignant le doute que nous puissions arrêter le mouvement. Ney savait que les partisans des Bourbons étaient sans énergie. « Il ne nous faut, disait-il, ni pleurnicheurs, ni pleurnicheuses. » Nous repoussions donc toutes les craintes, ne doutant aucunement du succès des mesures ordonnées. Le marquis de Grivel, commandant la gendarmerie du département, vint annoncer au maréchal que des grenadiers de l’île d'Elbe étaient envoyés pour embaucher les soldats. Ney me donna l’ordre de faire des recherches sur ce fait, dont je vériliai l’exactitude, et j’arrêtai moi-même, dans un groupe, un grenadier portant une capote dont les boutons