Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

266 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR-

étaient à l'aigle. Je le conduisis au maréchal, qui le remit entre les mains du marquis de Grivel.

Des aigles avaient été apportées et nous apprenions à chaque instant que des soldats désertaient. M. Capelle, préfet de l’Aïn, vint même se réfugier à Lons et fit savoir que la ville de Bourg était insurgée; que deux bataillons du 76: s'étaient permis de garder prisonnier le général Gauthier. On répandait le bruit du départ du roi.

Cependant, le marquis de Saurans avait invité, de la part du comte d’Artois, le maréchal à se rendre avec sa troupe à Mâcon, pour occuper cette ville et y former la gauche de l’armée du prince. Ney lui avait donné pleine sécurité en disant : « Soyez en repos; annoncez au comte d'Artois que je prendrai un fusil; je tirerai moimême le premier coup, mais il nous faut de l’artillerie : l'infanterie et la cavalerie ne marchent bien qu’au bruit du canon. Dites à Monsieur que je remets le commandement de mon artillerie à mon aide de camp Levavasseur, ancien officier d'artillerie, qui sait et qui saura appliquer son canon (1). » A ces mots, le marquis de Saurans était venu me serrer la main, puis, ayant pris congé du maréchal, il était retourné auprès du comte d'Artois.

(4) D’après des témoignages les plus sérieux (Pièces du dossier et du procès de Ney : dépositions du préfet du Jura, le marquis de Vaulchier, du marquis de Saurans et du général de Bour-

mont), le maréchal, dans son animation, se serait écrié : « Le premier soldat qui bouge, je lui passe mon sabre au travers