Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

PUISAYE. — LES BOURBONS (1807-1811). 3317

dont il était revêtu depuis neuf ans. D’Antraigues usa de représailles à huis clos, en écrivant en tête des conclusions de l'enquête ces lignes, qui attestaient la puérilité de ses attaques comme celles des moyens de la défense : « On voyait l'ombre d’un cocher en frotter l'ombre d’un carrosse. C’est un chef-d'œuvre de bêtise. »

Puis il ne cessa plus de répandre dans sa conversation et sa correspondance son fiel inépuisable sur celui qu'il appelait « Apis, Midas, Vitellius. — Qu'’eût-il donc fait sur le trône, s'il agit ainsi en Angleterre à Hartwell, et envers une vingtaine de sujets qui composent son peuple ?... Comme il peuplerait la Bastille et fertiliserait les échafauds !... Si haïr est le chemin du trône, il est sur la grande route... Je préférerais être victime de Bonaparte que sujet de d'Avaray et de Blacas (1)... »

Il affirmait avoir entre les mains des lettres dévoilant des trames abominables : « C’est avec ces armes, disaitil, que j'attaquerai le roi corps à corps quand le moment en sera venu (2). » Dès 1809 il avait remis sur le métier le mémoire qui devait faire valoir, avec ses propres mérites, l’ingratitude du maître. L'ouvrage, extrait des papiers de Malesherbes, devait avoir six cents pages et former son testament politique; mais, s’il a été imprimé, il n’a jamais paru.

Puisaye avait été rayé de la liste des lieutenants généraux au service royal, et Louis XVIII, ne pouvant atteindre autrement son complice, écrivit au comte de La Châtre, son agent près du cabinet anglais : « Ne

(4) Guizmermy, Papiers d'un émigré, p. 208-210. (2) Bertrand de Moleville au comte de La Châtre, 25 juillet 4812. (C. P.)