Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

360 APPENDICE.

ce nouveau mode; et Championnet, on l'a rappelé.

Macdonald refuse, et, s’il persiste, il sera rappelé, car le parti est pris.

De ces trois commissaires directoriaux, deux sont à ma recommandation, et je ne vous les donne pas pour bons. Ce sont des fripons. Mais je vous les donne comme très indifférents au sort de la république, n'ayant aucun projet que de gagner de l'argent et d'éviter la potence par leur adresse à procéder, ni méchants, ni sanguinaires.

L'un est Abrial; il était en 1789 procureur du Roi aux eaux et forêts à Villeneuve de Berg, et il y était un friponneau. Je l'ai trouvé à la Trésorerie, et je l’y ai laissé. C’est un bon diable pour tout, excepté lorsqu'il s’agit de voler.

J'ai tout ce qu'il possède dans mes mains; il a une centaine de mille livres.

Je lui ai donné ses instructions pour la Sicile. Il n’en faut attendre que ce qu'il peut faire : de bons avis sur les projets qu’on aura soit sur Naples, soit sur ce pays; les noms des coquins de ce pays, s’il y en a qui correspondent avec les commissaires; un recueil bien exact de tous les coquins de Naples, de leurs faits, de leurs gestes. Si l’on y retourne, rien ne sera plus utile, comme rien n’est plus inutile en l’état actuel.

Prévenez-en en Sicile, et envoyez-y ce passeport. C'est celui que porteront les envoyés; qu’on admette les porteurs de ce billet dans le port où ils se présenteront, mais qu’on les laisse sur leur barque et qu’on les veille de très près ; qu'on les épie encore mieux. Voilà ce qu'il faut faire.

Il est convenu qu’on ne répondra jamais autre chose, si ce n’est : reçu tel jour tel paquet, daté de Milan, tel jour. Si pourtant on voulait des détails sur tels ou tels faits, on pourra les demander ; mais pas avant que je vous aie indiqué la manière.

Voilà pour Abrial.

Senovert, fils de mon ami l'avocat Senovert de Toulouse, est plein d'esprit, débauché, bon diable. Mais je ne sais