Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

LA FRANCE DE L'ENCYCLOPÉDIE 33

nom russe. « Jamais, disait-elle, on ne me fera craindre les peuples instruits. » Le mot, bien entendu, ne date pas de la période révolutionnaire ; elle l’écrit à Grimm le 23 septembre 1780, et elle a soin d'ajouter cette restriction : « Mais quand le seront-ils? »

Elle se montra enfin accessible à fous, eut des regards de pitié pour certaines infortunes, eassa et atténua des arrèts de justice par trop extravagants, changea en exil les peines corporelles de nombreux condamnés, se prononça contre l'usage des confiscations, restreignit l'emploi de la torture et du fouet, et marqua des égards même à sa domesticité. On rapporte qu'après avoir donné des ordres à ses serviteurs, il lui arrivait parfois de s’exeuser du dérangement qu’elle leur occasionnait. « Parviendrai-je à ne pas me faire craindre d'eux ? » dit-elle un jour. Debout la plupart du temps à 6 heures du matin, elle ne détestait pas de se passer de l’aide des domestiques, et souvent allumait so: feu elle-même. Elle avait parfois des mouvements d'humeur et d’'impatience, mais elle savait se contenir, et attendre de n'être plus sous leur fâcheuse influence pour prendre une décision. Sa munificence pour d’indignes favoris est proverbiale, et ne saurait être que condamnée ; mais sa générosité ne s'étend pas seulement aux favoris. Elle a la générosité du cœur à côté de celle de la bourse. Il a été dit quelle avait le port fier, que sa démarche gracieuse fascinait, et que toute sa personne respirait les plus grands charmes. La comtesse Daschkof pourra dire sans exagération qu’elle pos-

sédait « toute l'éloquence, la grâce et la finesse qu'il = !)