Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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faut pour gagner ou persuader son monde. » Il est très vrai qu’ellé voulut être séduisante, et qu’elle sut l'être admirablement.

En un mot elle rendit aussi souple et féconde que possible la souveraine autocratie des Tsars. Aussi fut-elle à la fois respectée, vénérée et redoutée comme impératrice ; elle fut aussi la mère de son peuple. Les excès de sa conduite n’altèrent pas les mérites de sa politique. Elle fit ensorte que ce mot de petite mère dont l'avaient saluée en 1762 les régiments qui l’avaient acclamée leur Impératrice, ne fut pas un vain mot.

Son acte de libéralisme le plus saillant et le plus curieux est la convocation de la grande Commission Législative de 800 membres qui, dès 1767 et pendant plusieurs années, tint des séances nombreuses. Cette assem: blée avait été réunie dans le but de refondre et de codifier les lois. Catherine eut à cœur d'assister à beaucoup de séances et de guider les travaux de la commission. Il peut être reproché à cette grande commission de s'être trop inspirée de l'avis officiel et de s'être montrée servile vis-à-vis du pouvoir, n'ayant de l'indépendance que l'apparence ; il peut lui être reproché de s'être égarée dans une foule de propositions secondaires et parfois comiques, d’avoir négligé les questions capitales et d’avoir lâché la proie pour l'ombre. Il peut lui être reproché l’insignifiance des résultats auxquels elle aboutit. Mais ce qui est vraiment unique, ©’est la pensée maitresse d'avoir, dans la Russie du XVIIF siècle, convoqué cette grande assemblée, et le zèle que l’Impératrice apporta à élever ce monument de législation. « Apprenez