Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

36 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

aggrava les charges sur plusieurs points. Il est certain, en effet, qu’elle l'étendit à la Petite Russie et qu'elle disposa de nombreux paysans de la couronne en faveur de ses favoris et de ses courtisans. Il est difiicile, cependant, d'admettre qu'elle eut l'intention d'aggraver la position matérielle de son peuple ; car la question du servage, à laquelle se heurta la grande Commission Législative, fut l’objet des efforts et des soucisdel'Impératrice. Il a été trouvé dans les papiers de la Tsarine, des projets d’ukases, écrits de sa main et prononçant l'abolition du servage. Tel, en effet, fut plus d’une fois son projet. Mais la Russie n’était pas müre pour une modification aussi radicale des bases de la société; et si Catherine se fut avisée de guérir la Russie de cette plaie, elle en eüt été sûrement empêchée par la noblesse. pas disposée à se dessaisir d’une telle source de revenus. Le servage était donc une plaie incurable de la Russie du XVIIL siècle.

Ce qui est incontestable,c’est que la Tsarine fit mettre la question du servage au concours par la Société d'éccnomie, — comme elle l’avait fait mettre en délibération an sein de sa grande Commission Législative, — et elle fit couronner un mémoire qui concluait pour l'abolition. En portant la question à l'ordre du jour, elle la fit juger par l'opinion publique et prépara ainsi l’abolition pour notre siècle. Ge qui est incontestable, c'est qu'à toute occasion Catherine parle du servage et le condamne dans des termes non équivoques.Il est done permis d’affirmer qu'elle l’eut aboli si elle en avait eu les moyens. Et, il faut bien le dire, elle l’eut fait non pas tant seule-