Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

LA FRANCE DE L'ENCYCLOPÉDIE 37

ment pour faire faire à son peuple un pas immense dans la voie du bien être matériel, — ce dont elle avait grand souci, —que parce qu'ellesentaitune telleréforme de taille à ouvrir une ère nouvelle à Ja civilisation et à constituer un immense progrès dont bénéficierait sa gloire.

Car, il faut bien le reconnaitre, il y a un côté fâcheux aux actes de libéralisme dont elle se montra prodigue. C'est l'affectation qu’elle y mit. C’est la pose théâtrale ‘ qu’elle prit. Elle voulut étaler devant l’Europe le libéralisme de son gouvernement ; elle voulut étonner le monde en lui montrant une Russie libérale en face d’une France autoritaire ; elle voulut opposer la civilisation slave à la civilisation occidentale. Plus que ne l'avaitété Frédéric II, dont elle se disait le disciple, et auquel elle ressemblait par tant de côtés, elle voulut être la souveraine des philosophes. Elle voulut représenter l'esprit du siècle. Pour être glorifiée par lesphilosophes, ellene leur ménagea pas les éloges ; différente, cependant, sur ce point du grand Frédéric, elle ne les encensa pas au point de renier Dieu et de faire profession d’athéisme. Elle condamna les « mômeries », mais elle blâäma ceux qui n'avaient aucune croyance religieuse, et elle eut grand soin de se conformer aux pratiques extérieures de la religion. Langeron nous dit dans ses Mémoires inédits : «& Dans tout le cours de son règne Catherine II a insulté à l'humanité, à la vertu, aux mœurs, à la décence ; mais.elle a ménagé les prêtres, et a rempli, sacrilègement à la vérité, mais enfin elle a rempli les