Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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pratiques minutieuses et extérieures de la religion. » (4) Il a le soin d'ajouter : « Un grand défaut de Catherine, défaut qui cependant lui a fait faire de grandes choses, était un désir ardentet suivi d'être ou de paraitre grande et puissante, d’étonner par des entreprises gigantesques, et d'occuper toujours delle. »

Catherine se fit gloire d’être l’amie des philosophes et de passer pour la souveraine la plus libérale de l’Europe. Elle y réussit beaucoup mieux que Frédéric IL, et elle ne prit cependant des doctrines philosophiques que ce qui pouvait aider à sa politique et à sa gloire. Au premier abord il semble qu'elle leur emprunta beaucoup; en réalité elle n’y toucha que d’une main discrète. Est-ce à dire avec M. Albert Sorel qu'elle aima « les philosophes français comme François I‘ les artistes d’'Italie et Louis XIV les poëtes de Paris ? » Il y a du vrai dans cette appréciation, car « portées par eux ses paroles ailées » faisaient le tour de l'Europe, et sa « presse officieuse » entre leurs mains travaillait pour l’immortalité. Il est certain que ses actes ne répondent pas toujours à son langage. La pose théâtrale qu'elle affecta donne le change à cet égard, et nuit un peu à la sincérité de son « eredo » philosophique.

Néanmoins, il n’est pas possible de nier les dispositions libérales de son esprit ; et les réformes qu'elle accomplit ou qu'elle tenta avee plus de hâte que de sagacité répondent suffisamment de son esprit de tolérance. Les témoignages sontenfin trop nombreux ettrop sérieux

(1) Mémoires de Langeron. Archives des aff. étrangères.