Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

CHAPITRE PREMIER

Evolution de l'esprit de Catherine de 1775 à 1789, — Elle abandonne les philosophes. — Ce qu’elle pensait de l'Assemblée des Notables, — Elle ne prévit pas la Révolution française.

C’est de 1775 à 1788, avons-nous dit, que Catherine, sans renier formellement ses premières amours, se détourna peu à peu des philosophes et de leurs doctrines. Mais son enthousiasme philosophique faiblit graduellement, et nombreuses encore furent les marques de sympathie qu’elle témoigna à la littérature et aux idées d'humanité du dix-huitième siècle.

En 1775 Catherine entretient encore les meilleures relations avec les philosophes; elle a percé à jour le creux de quelques-uns des principes de Diderot, mais elle a si peu répudié l’ensemble de ses idées qu’elle se plaît à le consulter. Elle traite les encyclopédistes en amis. Tout au plus devine-t-on quelque ironie dans ce qu'elle écrit à Grimm : « Pour cela il faut avouer que ces philosophes sont de singulières conformations de gens : ils viennené au monde, je pense, pour mettre les points sur les i et pour rendre obseur et indécis ce dont