Études historiques et figures alsaciennes

HENRI DE TREITSCHKE 181

rien. Mais Sybel ne cherche d’abord qu’à le diminuer. La Révolution française n’a nullement, pour lui, l'importance européenne que les historiens lui attribuent. Qu’a-t-elle fondé ? La liberté ? L'égalité? Cétait bien son programme, mais, en fait, dit Sybel, elle n’a créé que l'anarchie, et elle n’a abouti qu'au despotisme. Quant aux conséquences lointaines de la Révolution, il ne les voit pas; son regard n’a pas si longue portée. Tocqueville, qui ne passe pas pour un révolutionnaire à outrance, disait : « J'ai longtemps étudié l'histoire, et pourtant je n'ai jamais vu révolution où l’on trouve des hommes d’un patriotisme si sincère, d’un tel sacrifice et d’une plus entière hauteur d'esprit. » Sybel, au contraire, partage les hommes de la Révolution en deux catégories, les naïfs et les filous ; on ne sait quels sont ceux qu’il méprise le plus, et si Lafayette ne lui déplaït pas autant que Marat. Mais toutes ses sympathies sont pour les souverains coalisés, qui ont subi la guerre, et qui n’ont eu, selon lui, que le but

désintéressé de rétablir un ordre légal en France.