Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

298 HISTOIRE

« accepterait purement et simplement la constitu« tion: » puis on pensa « qu'une fois qu'il aurait « acquis une apparence de popularité, il ramè« nerait le peuple à lui et maitriserait l’anar« chie. » C'était l'avis de Lamark et de Talleyrand; ces deux courtisans conservaient une grande prépondérance sur la représentation nationale : c'était abuser le roi, c'était le perdre.

Une autre combinaison avait été discutée chez Beaumetz, « c'était celle d'accepter la constitution, « en rendant le roi garant de tous les malheurs « qu'elle devait produire. » Ainsi, il s'agissait de démontrer son vice par l'application; pour atteindre ce but, il fallait faire connaître son impuissance par l'impéritie de ceux qui étaient ses défenseurs les plus exaltés. On conseilla au roi d'appeler au ministère les défenseurs les plus ardens de la liberté, et cela pour les faire chuter avec leur œuvre. Ainsi, on aurait mis sur les marches du trône les hommes qu'on redoutait le plus: Robespierre au ministère des affaires étrangères, Prieur à la justice, Pétion à la marine, Emmery à la guerre, Salles ou Villette à l'intérieur, et Montesquiou aux finances. C'était conduire le roi dans un précipice sans remparts, il s'arrêta; mais sur un autre terrain, il n’évita point sa chute.

Le mal était visible aux yeux de tous; la pénurie des finances était le cri d'alarme ; une autre crise était aussi à redouter, l'invasion étrangère. On mit en avant tous les malheurs de la France,