La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 23

contre Robespierre, ou Marat, ou Pétion, ou en faveur de Louis X VI après le 20 juin; ou avoir eu un démêlé avec quelque conseiller municipal. Tel qui ne craignait rien pour lui, était en appréhension pour son fils, ou son gendre, ou son frère, à cause de leurs antécédents, ou de leurs relations, ou des fonctions remplies dans le passé. Qui ne dénonçait-on pas dans les sections? Ou bien on était noble, c'était terrible à cette heure; ou bien on était riche, c’était encore très grave. Un sans-culotte, plus ou moins déguenillé, allait entrer dans votre intérieur, y constater un confort, un luxe dont il n'avait même pas l’idée, qui lui paraîtrait monstrueux, en le comparant à la misère de son galetas — et on n’avait pas confiance dans les sentiments de bienveillance que cette comparaison ‘inévitable allait lui suggérer. Peut-être ces hommes-là seraientilsavinés.…, ete. À partir de dix heures il fallut écouter, l'oreille tendue, le cœur battant, la troupe bruyante se rapprocher dans la rue, frapper à la porte à coups de crosse, visiter longuement le rez-de-chaussée, gronder, arrêter, brutaliser parfois, puis monter au premier étage et ainsi de suite. Il est certain que la nuit du 29 au 30 août resta longtemps dans la mémoire de ceux qui la vécurent. Dans les jours immédiatement suivants elle imprima aux Parisiens, qui étaient malveillants à l'égard de la Commune, un genre de respect qui n'impliquait pas précisément l'estime; mais quelque chose de plus utile pratiquement, le respect de la peur. D’autres événements sont là, en instance d’advenir, qui vont enfoncer plus avant encore ce sentiment dans l’âme des Pärisiens hostiles ou indifférents.

L'affaire Girey-Dupré, que j'ai annoncée plus haut, se rattache à cette journée : c’est ici le lieu de l’exposer brièvement. Le 28 août, Girey-Dupré, collaborateur de Brissot, publiait dans le Patriote français ces lignes tendancieuses : « Les élections commencent aujourd'hui, la Commune a arrêté de faire des visites domiciliaires pour forcer tous les citoyens à