La Révolution française (1789-1815)

— 105 —

XVIII

Quant à la Constitution de l'an III, que la Convention avait élaborée avant de se séparer, elle manifestait les mêmes préoccupations et prenait des précautions identiques contre le retour des royalistes à la direction des affaires par l'action du suffrage populaire.

D'abord, elle créait, comme pouvoir exécutif, un Directoire de cinq membres, dont les premiers tilulaires devaient être pris parmi les Conventionnels qui avaient voté la mort de Louis XVI.

Ensuite, les deux Chambres, les Anciens et les CinqCents, étaient nommés au vote à deux degrés, pour éviter la prépondérance rétrograde des campagnes, dans l'intérêt de la République, quoi qu’en aient dit les historiens démocrates.

Toutefois, le vice de cette organisation politique, son côté faible, étaient, toujours sous la fatale influence de la théorie révolutionnaire, le renouvellement annuel des deux Assemblées par tiers, et du Directoire, ou du gouvernement, par cinquième.

Il aurait évidemment fallu fixer pour ce renouvellement un laps de temps beaucoup plus considérable : dix années peut-être ?

Mais les préjugés qui dominaient la Convention l’empêchèrent de prendre cette dernière mesure de salut.

Aussi, vu l'esprit de la masse de la population, les élections annuelles furent aussitôt et de plus en plus royalistes, ce qui devint si menaçant pour le nouvel ordre de choses que le Directoire se vit forcé de faire le coup d'État du 18 fructidor an Y, contre la légalité, assu-