La Révolution française (1789-1815)

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naires, semblaient marcher à la contre-révolution. Celle qui aurait dû être, par son mode d'élection, la plus démocratique des deux, les Cinq-Gents, avait été jusqu’à élire pour président le général Pichegru, le plus perfide ennemi de la République. L'esprit de parti repoussait, comme des calomnies jacobines, les bruits trop fondés qui couraient sur la trahison de Pichegru. Hoche, lui, connaissait trop bien cet homme pour douter de son crime,

« I crut la contre-révolulion imminente, si l'on ne prévenait les projets d'une faction dont il s'exagérait la force (1). Voilà ce qui explique comment cet homme si ami des lois, si ennemi de la violence, a pu étre entrainé jusqu'à approuver ce que la majorité du Directoire préparait alors contre la majorité des Assemblées, le mouvement du 18 fructidor…

« Il approuva donc, et ce fut une faute (2). »

Edgar Quinet va bien plus loin et dit à propos du même événement :

« Le conseil des Cinq-Cents en vint au point d'ôter au Directoire les fonds nécessaires aux dépenses les plus urgentes.

« C'était l'insulter et le désarmer à la fois.

« À tant de provocations, le Directoire répond par le 18 fructidor, c'est-à-dire par la proscription de ses adversaires. Carnot et Barthélemy proscrits, les Deux Assemblées investies, cinquante représentants arrêtés, traînés

4. L'auteur en donnerait sans doute pour preuve le rétablissement de la monarchie, quelque temps après, par Bonaparte et Louis XVIII ?

2, Hoche et Bonaparte, par Henri Martin, député de l'Aisne;

broch. in-12, à la librairie de la Bibliothèque démocratique. Paris, 1875.