La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

64 RÉGLEMENTATION GÉNÉRALE DES VENTES

culation allait s'élever à plus de 3 milliards. Or, on avait généralement reconnu que cette circulation était excessive, et produirait les effets les plus funestes. Chacun entassait le numéraire, dont la valeur ne pouvait que grandir, et refusait les assignats, dont la valeur au contraire s’amoindrissait en raison de leur quantité. En janvier 1793, leur discrédit était déjà tel qu’un assignat de 100 livres n’en valait que 51, et pourtant la nouvelle émission de 800 millions n’avait pas encore eu lieu. Certaines personnes pensaient au contraire que plus le nombre des assignats en circulation serait augmenté et leur valeur dépréciée, plus on serait porté à acquérir et plus alors les prix des biens à vendre s’élèveraient au profit de la Nation ; aussi conseillaient-elles de nouvelles émissions. Mais un pareil système était inacceptable, parce qu’il aurait eu pour conséquence de ruiner une partie de la population dans la personne des acquéreurs et de compromettre la fortune publique. Aussi le Comité « des assignats » le repoussa-t-il. Après avoir exposé la situation devant l’Assemblée dans le sens que nous venons d'indiquer, il n’hésita pas à déclarer qu'il était urgent de faire rentrer, pour les brûler, le plus possible d’assignats. Mais pour arriver à ce résultat, quel moyen employer ? Il y avait lieu, selon lui, de décréter la cession ou la vente par la Nation de tous les prix de vente à elle dus par les acquéreurs