Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA MARÎNE 277

sentants Pierre Baille et Beauvais, qu’ils contraignirent à se rendre de leur demeure à l'église principale de la ville, un cierge à la main, pour assister à un Ze Deum en l’honneur de la défaite du parti montagnard (1); le lendemain, ilsles mirent en prison (2). Le Comité donna l'ordre de remettre en liberté les citoyens incarcérés après le 15 juillet et de rétablir les anciennesautorités : on ne l’écouta pas, Les représentants Barras et Fréron, auxquels étaient adjoints Gasparin et Escudier, reçurent pleins pouvoirs pour rétablir l'ordre. À ce moment, la trahison se tramait dans l'ombre.

La nouvelle municipalité faisait parvenir des secours aux Marseillais révoltés, défendait à la flotte d'obéir à la Convention, et envoyait au ministre de la marine une adresse des plus insolentes. Beaucoup d'officiers et même le contre-amiral Trogoff, commandant de l'escadre, l’avaient signée. Ils croyaient à la victoire des Girondins : grande fut leur surprise lorsqu'ils apprirent la défaite de l'insurrection normande à Vernon, et l'envoi de forces considérables contre Lyon et Marseille. [ls entrevirent alors le sort qui les attendait. Le contreamiral Trogoff, surtout, sentait la responsabilité qui pesait sur lui ; il ne recula pas devant l’idée de livrer Toulon aux Anglais, dans l'espoir que la perte de ce port contribucrait à la chute de la Convention, qui, seule, croyait-il, pouvait le sauver. La nouvelle de l’entrée des troupes républicaines à Marseille acheva de le décider (25 avril).

Prétextant une maladie, ilne paraît pas pendant quel-

(1) 48 juillet 1793. :

(2) Baïlle se suicida — ou fut étranglé — dans son cachot; son collègue Beauvais, délivré par la prise de Toulon, languit quelques mois à Montpellier et mourut,

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